GREGG ALLMAN: Southern Blood (2017)
Titles:
1. My Only True Friend (Gregg Allman-Scott Sharrard) - 6:16
2. Once I Was (Tim Buckley-Larry Beckett) - 3:56
3. Going Going Gone (Bob Dylan) - 4:29
4. Black Muddy River (Jerome J. Garcia-Robert C. Hunter) - 4:37
5. I Love the Life I Live (Willie Dixon) - 3:31
6. Willin' (Lowell George) - 3:36
7. Blind Bats and Swamp Rats (Jack Avery) - 4:32
8. Out of Left Field (Dewey Lindon Oldham Jr.-Dan Penn) - 4:09
9. Love Like Kerosene (Scott Sharrard) - 4:17
10. Song for Adam featuring Jackson Browne (Jackson Browne) - 6:21
Bonus Tracks :
11. I Love The Life I Live (Live From The Clay Center, Charleston, West Virginia, May 6, 2016) - 5:24
12. Love Like Kerosene (Live From The Tower Theatre, Philadelphia, Pennsylvania, April 1, 2016) - 7:10
Voici enfin le dernier album de Gregg Allman. Et là, le mot « dernier » prend tout son sens. En effet, Gregg mettait la dernière main à cette œuvre quand la mort l’a emporté. Cette parution posthume amène plusieurs constatations. Premièrement, il est extrêmement compliqué de chroniquer objectivement le disque d’un artiste récemment décédé que l’on admirait. Deuxièmement, Gregg semblait s’orienter vers une musique plus cool que son style d’origine développé avec l’Allman Brothers Band. Ce « Southern blood » se révèle encore plus calme que « Low country blues » sorti en 2011.Troisièmement, Gregg n’a pas beaucoup composé et a opté pour une majorité de reprises. Quatrièmement, le talentueux guitariste Scott Sharrard se fait plutôt discret. Cinquièmement, une surabondance de cuivres nuit légèrement à certains morceaux. Entrons maintenant dans le vif du sujet. Le premier titre, « My only true friend » (composé par Gregg et Scott Sharrard), nous entraîne en pays de connaissance. Cette « Southern ballad » mélodique sonne typiquement Allman avec un thème de guitares à la tierce, un très beau solo de Scott et un final agrémenté de cuivres. Du beau travail ! « Once I was » (de Tim Buckley) vient juste derrière. Cette ballade mélancolique est dotée d’un fond de cuivres un peu superflu et privée d’un solo de guitare. Dommage ! Le « Going going gone » de Bob Dylan est repris en version quasi acoustique avec un dobro et un beau final de slide guitar de la part de Scott Sharrard. Seul point noir : des cuivres intempestifs plombent le morceau. On déplore l’absence de solo de six-cordes sur la belle ballade « Black muddy river » du défunt Jerry Garcia. De même, le blues « I love the life I live » (de Willie Dixon) propose un solo de saxo mais on aurait quand même préféré une intervention de guitare à la place. Par contre, la « country ballad » « Willin’ » (du regretté Lowell George) fait son effet avec une steel guitar et un solo de piano. C’est certainement le meilleur titre de l’album. On passe un agréable moment avec la lente ballade country/soul « Out of left field » qui n’a malheureusement pas le droit à son solo de gratte. La voix si particulière de Gregg colle à merveille mais les cuivres étaient peut-être dispensables. Il faut bien reconnaître que la version d’Hank Williams Junior (parue en 1993) est nettement supérieure. « Love like kerosene » (un jump blues à la mode sudiste composé par Scott Sharrard) monte en intensité avec un solo de piano et une superbe démonstration de Scott. Le disque s’achève sur une très belle chanson de Jackson Browne, « Song for Adam ». Jackson vient d’ailleurs donner de la voix sur ce titre. L’idée est excellente mais, hormis quelques phrases distillées ça et là, la guitare brille par son absence. Voilà ! Après une écoute attentive, il convient maintenant de formuler un avis lucide et impartial. Pas facile ! Avec « Southern blood », Gregg Allman nous a laissé un très bon album en héritage mais pas forcément son meilleur. Très éloignée du blues de l’Allman Brothers Band ou de l’ambiance du Gregg Allman Band des débuts, cette œuvre n’en est pas moins attachante. Il faut voir les choses en face. Gregg connaissait son échéance et savait que son temps était compté. Il a mis tout son courage et toute sa détermination dans l’enregistrement de « Southern blood », avec l’état d’esprit d’un homme vieilli et malade, attiré par une musique et des arrangements plus doux. Sans doute a-t-il voulu nous monter l’autre côté des influences musicales sudistes.
L’autre côté… Maintenant, Gregg le connaît bien.
Olivier Aubry